Il est impensable que jusqu’à ce jour, où nous venons de commémorer et nous remémorer les nôtres (parce qu’ils ne doivent pas être oubliés) qui ont été génocidés à Gatumba, qu’aucun des organisateurs, commanditaires et/ou exécuteurs ne soit encore jugé.
Des enquêtes financées ont été planifiées et organisées par des instances habilitées, qui n’aboutirent pas à des conclusions déterminantes et qui donnèrent des recommandations irréalistes. Afin d’entretenir le flou, ces mêmes instances, faute de preuves, « disent-elles », requirent de continuer à chercher ce qu’elles n’ont pas pu prouver. L’enquête de l’ONUB et de la MONUC organisée en 2004 après le Génocide des Banyamulenge à Gatumba pourra faire parler toutes les progénitures, comme tous les Génocides perpétrés sur les Tutsi depuis belle lurette ! C’est vrai, les Tutsi ont été génocidés, ouvertement et tacitement. Ce n’est qu’en 1994 qu’on reconnaît cette méprisable besogne.
Il est insensé en outre, que ces genres de crimes puissent passer pour imperceptibles. À l’aube de la commémoration du 4ème anniversaire du génocide des Banyamulenge à Gatumba, l’heure est à la mise au point quant aux parrains de cette besogne macabre qui se la coulent douce à Bujumbura et à Kinshasa et qui sont mêmes portés aux plus hautes dignités ou les réclament.
En effet, personne n’ignore que le fameux porte – parole du FNL a déclaré haut et avec force qu’il a commandité cette ignominieuse tâche uniquement parce qu’il s’agissait des Tutsi.
Sans pour autant se perdre dans les qualifications et les définitions juridiques des actes commis à Gatumba, (qui d’ailleurs clarifient ces actes de génocidaires) signalons que le Burundi et la République Démocratique du Congo, RDC, ont souscrit à la convention de Genève de 1948, sur la prévention et la répression du crime de génocide et des crimes contre l’humanité et d’autres conventions Internationales de protection des droits de l’homme. Étant parties de ces conventions, ces États se sont engagés à prévenir et à réprimer le génocide et les crimes contre l’humanité, que ce soit en temps de guerre ou de paix.
De plus, précisons en effet que, le Burundi et la RDC sont membres du statut de Rome instituant la Cour Pénale Internationale qui sanctionne ces actes au niveau international. Le Burundi y a adhéré, le 06 Janvier 1997 et le ministre des affaires étrangères à l’époque a signé le statut en date du 13 Janvier 1999 et en Avril 2003, l’Assemblée Nationale du Burundi a approuvé à l’unanimité la ratification du statut de la Cour Pénale Internationale. Le document de ratification a été déposé le 21 Septembre 2004 et parallèlement l’Assemblée a adopté à la même date une loi nationale érigeant en infraction, les actes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre. En ce qui concerne la République Démocratique du Congo, ce dernier avait signé le statut de la CPI en date du 08 Septembre 2000 par le biais du Ministre des affaires étrangères, à l’époque Yerodia NDOMBASI et la ratification a eu lieu en date du 11 Avril 2002.
L’on sait que, selon le rapport du Human Right Watch de Septembre 2004, et témoignages concordants des rescapés et rapatriés burundais et congolais qui étaient sur place, les attaquants n’ont visé que les Banyamulenge et n’ont pas attaqué les rapatriés burundais et autres réfugiés congolais qui étaient dans le camp. Ceci nous permet de dire que ces actes ne visaient que les membres d’un groupe spécifique, identifié par son appartenance ethnique et nationale, notamment le Banyamulenge, Tutsi congolais. Ces actes sont incriminés par les mêmes conventions.
Selon les informations recueillies auprès des rescapés, rapatriés burundais et autres congolais qui vivaient dans le camp, l’on connaît encore que, les concepteurs et les auteurs de ce génocide et crime contre l’humanité sont venus du coté de la frontière de la République Démocratique du Congo et après avoir massacré les réfugiés, ils ont pris la même direction. Ceci nous permet de dire que toutes les organisations et préparations ont été effectuées sur le territoire congolais, pays de ressortissants des victimes qui venaient de le fuir à cause d’autres actes commis contre eux par les troupes gouvernementales à Bukavu et Uvira au mois de mai 2004, et qui avaient coûté la perte d’une quinzaine des vies humaines, toutes civiles.
Curieusement, le même Yerodia qu’on venait d’évoquer avait été le concepteur des massacres qui avaient été commis sur les Tutsi congolais à Kinshasa, majoritairement Banyamulenge. Celui-ci eut brièvement droit à un mandat d’arrêt International lancé par la Belgique. Étonnamment, ce mandat fût levé incognito et dans des conjonctures assez opaques. De même, Agathon RWASA et son collaborateur Pasteur HABIMANA ont été, à un moment donné, visés par la Cour Pénale Internationale. Cependant, force est de constater comment la communauté internationale s’est précipitée en faisant pression sur le gouvernement burundais de négocier avec ces criminels. Pourtant, le porte-parole du FNL, Habimana lui-même ne nie pas la possibilité et déclare qu’il n’hésite pas à comparaître devant une juridiction pénale internationale. Qu’attend faire le gouvernement burundais ?
Les Banyamulenge sont-ils des sous-hommes qui doivent subir toutes sortes des géhennes et que cela n’émeuve personne ? Au moment où, au Burundi comme en RDC, voire même dans toute la région des Grands Lacs, l’heure est à la réconciliation, nous supposons que ces crimes ne passeront pas inaperçues. Il est des situations qui ne doivent pas donner crédit l’affection à l’abominable. Les rescapés de Gatumba et leurs congénères demandent que justice soit faite. De même, les Burundais, toutes ethnies confondues, ont encore frais dans leurs mémoires, les cruautés contemporaines commises par le FNL sur le peuple burundais. Admettre qu’il accède à des dignités est une insulte à la nation burundaise.
Bien qu’enfin, la politique ait ses méandres que le commun des mortels ne sait pas défricher, nous supposons que le gouvernement burundais ne laissera ces ethnocidaires se prévaloir d’une intégrité quelconque et que cela soit ainsi nommé ! D’ailleurs, il est incroyable et inconcevable même que des personnes de cet acabit soient absoutes et réhabilitées dans des fonctions.
Le renouveau démocratique au Burundi est-il mieux défendu par ceux qui se posent des questions sur les actions de leurs dirigeants ou par ceux qui les suivent avec un patriotisme partisan et aveuglant ? Faut-il prendre des risques de couvrir des crimes, peut-être sans précédent, pour ne pas donner d'argument à ses ennemis ? Est-ce une faute de se poser ces questions, ou est-ce un devoir ? Devons – nous admettre une culture du cynisme et du scepticisme ? Prend-on les Banyamulenge pour des idiots de sorte qu’ils ne sont pas capables de revendiquer leurs droits ? À cette dernière question la réponse est certainement, Non. Ils vivent une ère d’une crise de Leadership communautaire admettons – les, mais ils ne sont pas instigateurs d’une culture de l’impunité qui favorise que, la violence appelle à la violence.
Par Rumenge Nt. Alain, M.Sc.
Professeur Chargé des cours au KHI
Tuesday, September 30, 2008
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